Annuaire des résistant(e)s du Havre
© Collectif HER
MAYER Roger Gabriel
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Date de naissance: 11/06/1911  à La Mouille (39)
 
Né à La Mouille (39) le 11 juin 1911, Roger Gabriel MAYER était le fils de Léon Mayer et de Clotilde née Pallot, enseignants dans le Jura.
Ses études études secondaires à Lyon le conduisent jusqu’à l’École Normale Supérieure de Paris où il obtient l’agrégation de Physique.
Il enseigne d’abord au lycée de Laon. C’est son mariage avec Juliette née Huck, qui le pousse apparemment à s’installer en Normandie. Il est mobilisé en août 1938 avec le grade de sous-lieutenant dans l’arme du Génie. Le couple et leurs deux enfants, Janine, née en 1936 et Claude, née en 1940, résident dans un pavillon, 6 rue Picpus, de 1938 à 1946 (rue Roger-Mayer depuis 1983).
Roger Mayer est nommé professeur agrégé de physique au Lycée de garçons du Havre (François 1er) en octobre 1940. En janvier 1941, il est recruté par Gérard Morpain au sein du Groupement de Résistance Générale et dirige le groupe Mayer.
Après l'arrestation et l'annonce de sa condamnation à mort, Gérard Morpain rencontre et demande à Jacques Hamon de poursuivre l'action et il désigne son successeur en la personne de Roger Mayer.
Sollicité par Jacques Hamon et Pierre Garreau, Roger Mayer accepte et dira vouloir laver l’honneur de l’École Normale Supérieure dont était également issu le collaborationniste Marcel Déat. Son épouse s’engage résolument à ses côtés.
En janvier 1942, Roger Mayer, qui a repris l'alias de Gérard Morpain Paul Desjardins, devient avec Henri Chandelier codirigeant du mouvement qui prend le nom de L'Heure H en février 1942. Roger Mayer cache chez lui l’armement qui avait été récupéré dans le jardin de Gérard Morpain.
L'Heure H recrute de nouveaux membres et mène la propagande : il édite un journal clandestin homonyme dont le titre a été trouvé par Juliette Mayer, et la devise par son mari : « Vulnerant omnes ultima necat » (elles blessent toutes, la dernière tue, sous-entendu : les heures). Ce journal, dont lui-même sous le pseudonyme Paul D.Jardin et Raymond Guénot, étaient les principaux rédacteurs, était imprimé clandestinement chez Madame Chossat, place Jules-Ferry, et diffusé, notamment par René Gandon, un autre ancien du groupe Morpain.
En juin 1942, Roger Mayer recrute un maitre-graveur plein de talent, Gaston Le Borgès, qui fabrique des faux-papiers destinés aux patriotes recherchés, aux aviateurs alliés abattus en France, aux Israélites, aux prisonniers de guerre évadés et, à partir de 1943, aux réfractaires au S.T.O. : 10 000 fausses pièces furent ainsi distribuées à environ 2000 personnes.
En 1943, Roger Mayer est chef de secteur et entrepose des armes. Il est à la tête de 200 hommes répartis en cellules de 3 ou 4 personnes. Il prend aussi une part importante dans le sabotage des ateliers de réparation des composants de sous-marins allemands et fut impliqué dans l’incendie de stocks allemands de lin et d’avoine. Grâce à ses connaissances en chimie, il constitue un stock de bouteilles incendiaires remplies d’essence, avec une amorce de chlorate de térébenthine allumée par une ampoule d’acide sulfurique écrasée par le choc d’une masse lors du lancement.
L’Heure H continue, sous couvert de Jean Thomas et de Georges Maguin, à collecter des renseignements...
En juillet 1943, le réseau subit un coup très dur avec l’arrestation de Raymond Guénot : ce dernier, avec l’accord de Roger Mayer, avait infiltré le Rassemblement national populaire (le RNP de Marcel Déat), en y adhérant et prenant la place de son dirigeant local. Il était ainsi devenu le confident du Doctor Ackermann, le « Kreiskommandant » et était parvenu à glaner de nombreux renseignements. Suite à une dénonciation, il est arrêté, transféré à Rouen et fusillé le 1er novembre 1943 au Madrillet.
Après l’arrestation de Raymond Guenot, Roger Mayer demanda à son collègue Émile Béchet de le remplacer comme rédacteur du journal.
Ce mois de juillet 1943, par l’intermédiaire d’Henri Choquet, Roger Mayer est contacté par le capitaine Philippe Liewer du réseau Hamlet Salesman Buckmaster (du nom du colonel britannique Maurice Buckmaster qui dirigeait la section française du SOE), venu en Normandie pour la création de formations paramilitaires en prévision des opérations de 1944. Le réseau compte déjà environ 150 membres sur Rouen où le seul contact est une boîte aux lettres, un commerce de vêtements pour dames, « Micheline », tenu par Jean et Florentine Sueur.
Roger Mayer accepte de devenir le lieutenant de Philippe Liewer au Havre en tant qu'agent Action P2, avec pour alias Jean-Pierre, et L’Heure H s’affilie au réseau Hamlet- Buckmaster.
Philippe Liewer lui demande de constituer deux dépôts d’armes au Havre. l’un destiné aux sabotages ponctuels, les stocks étant prévus pour les combats de la Libération.
L'Heure H développe son activité de renseignement, le réseau Hamlet-Buckmaster va lui permettre de transmettre à Londres la documentation technique détenue par Louis Guest et diffuse les informations recueillies par Georges Maguin.
D'autre part, Jean Thomas, embauché par l’entreprise de BTP « Thireau-Morel », travaillant aux chantiers portuaires, il a de ce fait obtenu un laissez-passer lui permettant de pénétrer dans les zones réservées à la Kriegsmarine. Mis en relation avec Roger Mayer par Georges Le Sidaner, Jean Thomas accepte de se livrer au Renseignement au profit de L'Heure H. Il est nommé chef de secteur, également chargé de conduire les formations paramilitaires pour le secteur du Havre et achemine des parachutages d’armes vers des dépôts en vue des futures opérations de débarquement.
Des membres de la branche Renseignement de L'Heure H dont Roger Mayer et son épouse, rejoignent le réseau Béarn créé en janvier 1942 et opèrent sous la direction de Toussaint Gallais, chef de secteur et membre du S.R. Paris, 2e Bureau.
L'Heure H compte alors deux cents membres.
En octobre 1943, Roger Mayer recrute parmi ses collègues un nouveau rédacteur pour son journal : Marcel Bideau, professeur d’allemand.
Le 19 octobre, il reçoit l’agent du réseau Hamlet Buckmaster Robert Maloubier, envoyé une quinzaine de jours au Havre pour aider Jean Thomas dans la formation paramilitaire des membres de L’Heure H. Présenté à Philippe Liewer par Roger Mayer, Jean Thomas lui remettra les plans allemands de construction de rampes de lancement de robots V1, en construction à Esclavelles, près de Dieppe.
En novembre, Roger Mayer prépare au Havre le sabotage de l'usine Fouré Lagadec, 2 rue de la Vallée, qui travaillait à la réparation de navires allemands endommagés. Le groupe d'Harfleur est mobilisé pour passer à l'action.
Le 12 novembre à 20 heures, Roger Mayer, accompagné de Jean Thomas, Gaston Le Borgès et de trois républicains espagnols, se présentent à l'usine. Roger Mayer se faisant passer pour le patron, le gardien de nuit lui ouvre la porte. Il est rassuré sur son sort avant d'être emmené dans un abri bétonné et ligoté. Pendant ce temps, des membres du groupe disposent des engins explosifs dans l'atelier de mécanique et de chaudronnerie au fond de la cour puis les hommes se dispersent. Les déflagrations se produisirent vers vingt et une heures trente, causant des dégâts de près de 1 million de francs. Les recherches de police effectuées les jours suivants demeurèrent vaines.
Dans les premières semaines de 1944, un agent de la Gestapo réussit à s’introduire dans la section rouennaise du réseau Hamlet-Salesman et un coup de filet va bientôt être réalisé. La police allemande découvre un registre en perquisitionnant chez un garagiste de Sotteville-lès-Rouen nommé Philippon, lequel fournissait des armes à « L’Heure H.
Le 11 mars 1944, Roger Mayer et Henri Chandelier sont arrêtés. L’arrestation de Roger Mayer à son domicile fut procédée par l'inspecteur de police rouennais Louis Alie.
Il est interné à la prison de l'Arsenal au Havre . Il est affreusement torturé, près de mourir et sous la menace de représailles sur sa famille, il dévoile l'adresse d'une maison inhabitée à Bléville où les Allemands découvriront quatre-vingt containers d'armes et il avoue sa participation au sabotage de l'usine Fouré Lagadec. Il est transféré puis à la prison Bonne-Nouvelle de Rouen où, de nouveau torturé, il lâche des noms.
Dans les jours qui suivent, de nombreux membres de L’Heure H sont arrêtés dont la plupart ne reviendra pas de captivité : Lionel Affagard, Jean Barriaux, Henri Chandelier, Joseph Duponchel, Maurice Guillard, Gaston Le Borgès, André Lechevallier, Georges Maguin, Bernard Maletras,... Ils furent transférés au camp de Compiègne et déportés le 27 avril 1944 par le convoi dit « des tatoués », de Compiègne au camp de concentration d'Auschwitz.
Roger Mayer sera transféré ensuite avec André Lechevallier , Maurice Guillard et Jean Barriaux, au KL Buchenwald puis, le 25 mai 1944, au KL Flossenburg.
Six jours plus tard, ils sont affectés au kommando Floha, dans un kommando de travail sous administration S.S. , à 13 Km au nord-est de Chemnitz en Saxe . Ils travaillent 12 heures par jour dans un atelier de construction de fuselages de Messerschmitt 110.
Pour leur faire comprendre qu'il est inutle de se rebeller, 5 hommes sont pendus à leur arrivée.
Les Alliés qui avancent passeront à moins de sans le savoir à moins de 10 kilomètres de ce kommando. Le 10 avril 1945, confrontés à l’avance alliée, les nazis évacuent le camp de Floha au cours d’une marche forcée.
Roger Mayer et ses compagnons d'infortune traversent les Sudètes jusqu’à Theresienstadten Tchécoslovaquie. Les plus faibles, dont Maurice Guillard, sont exécutés en forêt de Retzenheim. André Lechevallier a produit un témoignage poignant sur cette Marche de la mort, de Floha à Therensienstadt. "Terezin" que, dix jours plus tôt venait de quitter l'ancien Maire du Havre, Léon Meyer.
Les S.S. remettent les survivants aux Tchèques à Theresienstadt où Roger Mayer est libéré le 8 mai 1945. Il est hospitalisé à Prague durant un mois avant d’être rapatrié en France par avion et se trouve à l’hôtel Lutétia à Paris le 12 juin 1945. Il rentre au Havre le 19 juin.
Au Havre, Jean Thomas qui avait réussi à éviter l’arrestation, avait pu prévenir de nombreux camarades, mais le stock d’armes, entreposé rue de Saint-Quentin, à la Mare-au-Clerc, soit trois tonnes de matériel, avait été saisi. Comme Jean Thomas,, les rescapés de L’Heure H combattront dans les rangs des FFI dans les combats de la Libération du Havre en septembre 1944.
Roger Mayer est rentré des camps au Havre en juin 1945, en très mauvaise santé, silicosé et tuberculeux, pesant 38 kg (il en pesait 75 avant son arrestation).
Après de longs mois de soins, il est affecté au lycée Claude-Bernard à Paris et réside 20 avenue de Versailles à Paris 16e.
Le 13 octobre 1944 s'était créé au Havre le journal Le Havre Libre. Alors que Roger Mayer était toujours déporté, ils l'associèrent à cette résurrection de la liberté d'expresssion démocratique et le comptèrent parmi eux.
C'est en 1956, alors qu'il était professeur agrégé au Lycée Janson de Sailly à Paris, que ses associés firent appel à lui et il accepta avec entousiasthme de devenir le directeur de ce journal.
Après la guerre, il fut nommé liquidateur du réseau Hamlet/Buckmaster.
L'inspecteur Louis Alie fut condamné à mort par jugement de la cour de justice de Rouen du 16 novembre 1944 pour intelligence avec l’ennemi.
Roger Mayer est décédé le 20 décembre 1982 à Vence (06) à l’âge de 71 ans.
Distinctions : Croix de Guerre 39-45 avec étoile de vermeil - Médaille de la Résistance (décret du 15/10/1945) - Military Cross.
Mémoire : une salle du lycée François 1er porte son nom, ainsi que la rue du Havre où il vivait.
Notice d'après Brigitte Garin, mise à jour le 14 novembre 2023 (compléments biographiques de l'association des anciens élèves du Lycée François 1er)
Documents annexés : caricature de l'inspecteur Alie lors de son procès et jugement de sa condamnation à mort (ADSM) - portrait de Roger Mayer (Fonds Mauricette Herault/collectif HER) - Rue Roger Mayer (F. Tocqueville) - Dossier PDF GR 16 P 295550 (I. Duhamel)
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Biographie de Roger Mayer sur le site de l'Assocation des anciens élèves du Lycée François 1er
Vincennes : GR 16 P 295550 et GR 28 P 11 74
51W417 - 54W5363 - 245W9-48
GR 16 P 295550 (I. Duhamel) - Archives L'Heure H (B. Garin) - Liste Heure H établie par Madame Mayer (M. Baldenweck) - Fichier DIR Fndirp 76 (M Baldenweck) - La Résistance au Havre de 1940 à septembre 1944. Rodrigue Serrano, mémoire de Maitrise, Université de Rouen, 1999 (JH Caillard) - Inventaire manuscrit des noms de rue 1994 - Dossier Cm2 (F. Amiel)
Dossier Bio 37/7.5 - Voir bio dans délibération n° 38 du 2 avril 1984 - Cote Bio11 - cote 94Z155 - cote 115Z9
Bibliographie :  De la résistance au rétablissement de la légalité républicaine en Seine Inférieure. Michel Baldenweck. Delattre éditeur, 2017 - Une famille normande dans la tourmente nazie. Vie et mort du réseau de résistance Salesman. Brigitte Garin, Wooz éditions, 2020 - « Jacques Hamon résistant havrais et défenseur de l'Art », Brigitte Garin et Moira Hamon, éditions Les Choucas 2024.
Crédit Photo de la notice :  © Collectif HER
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Fiche mise à jour le:  03/12/2024
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