Nom et Prénom(s)FOLLOPPE Gaston Marcel Noël
NomFOLLOPPE
PrénomGaston Marcel Noël
Chronologie1943
Statut- FFL
- FFC
- DIR
FTP
Groupes
Réseaux- CND CASTILLE
UNITÉS FFL- Résistance Intérieure
Mouvements
BOA
Zones d'actionEure
Date de naissance25/12/1903
CommuneLe Havre
Département / Pays76
LieuLe Havre - 76
Mort pour la France01/02/1944 fusillé à Evreux (27)
Parcours dans la résistance
Fils de Gustave Folloppe et de Berthe Leleu, Gaston Marcel Noël FOLLOPPE est né au Havre le 25 décembre 1903.
Il se marie au Havre en 1925 et durant l'Occupation, il est photographe et opticien et possède un magasin d’optique 53 rue d’Alençon à Bernay (27), lui-même étant domicilié rue aux Bœufs.
Il entre au réseau Confrérie Notre-Dame-de Castille avec le matricule 912, agent P2, et devient en mars 1943, sous le pseudonyme de Gaumont, responsable départemental en remplacement du capitaine Henri Boris, arrêté en décembre 1942.
Confrérie Notre-Dame : le réseau Confrérie Notre-Dame, fondé dès juin 1940 par Louis de La Bardonnie et quelques-uns de ses compagnons, devient en septembre 1940 la Confrérie Notre-Dame.
Rallié à la France libre, c'est l'un des premiers réseaux du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA), sans doute le plus important réseau de renseignements militaires de la Résistance. Il est aussi l'un des tous premiers créés en France, validé par un agent exceptionnel, Gilbert Renault dit « Raymond » (plus tard « Rémy »). Le Colonel Rémy envoyé vers la métropole dès l'été 40 par le 2e Bureau de la France Libre donnera à l'organisation le nom de Confrérie Notre-Dame afin de la placer sous la protection de la Vierge. Les agents sont chargés pour les uns de recueillir des renseignements militaires, pour d'autres des renseignements économiques et politiques qui alimentent la campagne radiophonique de la France Libre. D'autres encore organisent la prise de pouvoir gaulliste dans les départements côtiers pour le moment où le débarquement aurait lieu ; d'autres enfin, agents de liaison et radios, permettaient aux renseignements de partir et aux ordres d'arriver.
La destination principale du réseau est le renseignement et la transmission à Londres des données recueillies. De nombreux sous-réseaux sont constitués avec le moins possible de connections entre eux pour que le minimum d’agents soit concerné en cas de dénonciation à l’ennemi. Chaque agent obtient un ou plusieurs pseudonymes (jusqu’à dix) et un numéro matricule.
En septembre 1941, La CND étend son action à toute la France occupée avec une ramification de 23 sous-réseaux et Rémy installe à Paris une centrale-radio dirigée par Jacot, alias, Olivier Courtaud, qui communiquera avec Londres par l’intermédiaire de messages chiffrés.
Confrérie Notre Dame prend le nom de "Confrérie Notre Dame de Castille" en novembre 1943.
EN NORMANDIE
Le réseau s'implante d'abord dans la France de l'Ouest (Nantes) et recrute des informateurs de qualité dans les ports de l'Atlantique (Bordeaux, Brest, Le Havre) avant de couvrir toute la zone occupée. Ses missions portent sur le recueil de renseignement de tous ordres et sur le Mur de l'Atlantique en particulier.
C’est ainsi que se crée le sous-réseau de l’Agence de l’horloge, spécialisé dans l’analyse et le traitement des informations, un des sous-réseau de Normandie avec Calva et Maclou, sous l’impulsion d’Henri Boris, alias Beaumont ou "S.V.P"..
Après l'arrestation de Boris en décembre 1942, Jacques Basset alias Schupo et Pommier, puis Gaston Folloppe alias Gaumont prennent le relais. Ses activités de renseignements s’étendent dans les départements de l’Eure, de la Sarthe et de l’Orne.
Ce réseau comporta jusqu’à 77 agents. Par avion, grâce à des Lysander qui font la navette avec Londres ou par bateaux, le réseau organise notamment le passage clandestin de nombreux agents français et anglais.
Selon un article de Paris Normandie, parmi les faits d’armes de Gaston Folloppe, l l’Histoire retiendra la transmission d’informations vers Londres concernant un faux terrain d’aviation fabriqué de toutes pièces par les forces allemandes",.
Le Colonel REMY témoigna : " Gaumont est un homme de quarante ans, à la bonne figure ronde et souriante, aux yeux pétillants derrière les lunettes. Le front, haut et intelligent est surmonté d’une chevelure blonde, coiffée « à l’embusqué », comme on disait en 1914-1918…," (Extrait du livre du Colonel Rémy : « Comment meurt un réseau » ).
Roger Basset : " C’est une vie active, intense, où le danger est permanent jusqu’au jour où nous recevons le message : « tempête sur l’ouest » qui nous signale le danger d’une arrestation imminente. Les allemands ont su par Tilden, opérateur radio du réseau, arrêté le 4 novembre, passé à l’ennemi, l’existence du groupe de Bernay comme celle du groupe du Mans. Il ont même su que le chef était Gaumont, résidant à Bernay. Tous nos agents ont été arrêtés, fusillés ou déportés. Le réseau C.N.D. Castille est complètement désorganisé, plus de liaison".
L'ARRESTATION DE GASTON FOLLOPPE
Trahi à Paris par le radio de CND nommé Tilden, Gaston Folloppe est arrêté par la Gestapo à son domicile, rue aux Bœufs, le 11 novembre 1943, en même temps que Gabriel Vallée, le fils de ce dernier, Raymond, âgé de 13 ans, Robert Basset alias Pommier, directeur de l’école Jules-Ferry à Bernay et Françoise Chaplain née Hervieu .
Le dossier AC 21 P de Gaston FOLLOPPE conservé aux archives de Caen, présente deux pages dactylographiées comportant chacune le procès-verbal d'un témoignage : celui de l'épouse de Gaston Folloppe et celui de Robert Basset.
Témoignage de Madame Trean, veuve FOLLOPPE Suzanne, 43 ans, sans profession :
" Le 11 Novembre 1943, je me trouvais chez moi rue aux Boeufs, dans une maison nous appartenant, quand à 22 heures la gestapo allemande est venue chez nous, mon mari était couché. Un individu qui parlait couramment le français m'a demandé de le voir. Il était accompagné d'un soldat et d'un civil allemand. Ils sont rentrés dans la chambre et ont dit "Police allemande, levez-vous !" Pendant que mon mari s'apprêtait à les suivre, l'homme qui parlait français l'interrogeait, il lui a posé cette question : "Gaumont non plus, tu ne le connais pas ?" Gaumont était le nom de guerre de mon mari, je l'ai appris par la suite ; il paraissait bien renseigné.
Pendant l'interrogatoire, ils perquisitionnaient la maison, ils n'ont rien trouvé.
J'ai reconnu Madame Hervieux qui était avec eux et qui était déjà arrêtée, ainsi qu'un jeune homme que je ne connaissais pas. J'ai appris par la suite qu'il s'appelait Alain*, de son nom de guerre.
M. Lansain de la Ferrière-Saint-Hilaire, ainsi que le capitaine Boris demeurant à Beaumont (Eure), chef d'escadrille DGSRI, Paris XVIe, pourraient vous indiquer son nom véritable ainsi que son identité complète.
A la maison d'arrêt d'Evreux, il se trouvait dans une cellule à côté de celle de M. Lamy qui a entendu toutes les conversations jusqu'à ce que mon mari soit fusillé.
Je savais que mon mari était chef de renseignement" .
Gaston Folloppe embrassa sa femme en lui glissant : « Je ne reviendrai pas » , puis il est emmené .
Témoignage de Robert Basset :
" Je fus arrêté le lendemain ainsi que mon fils Jean. Dans le car qui nous emmenait à Evreux, nous pûmes échanger quelques paroles, FOLLOPPE, Vallée et moi.
Ils me dirent "c'est Lagarde qui nous a vendus".
Folloppe avait les deux yeux tuméfiés et la joue droite brûlée par une cigarette. Vallée était passé à la baignoire et ne faisait que hoqueter. Ni Vallée ni Folloppe n'ont divulgué aucun secret concernant notre activité.
Je fus interrogé à la prison d'Evreux pendant cinq heures sous l'inculpation de détention d'armes et d'imprimeries clandestines. Je fus interrogé pour savoir mes relations avec Folloppe et Vallée que je dis connaître en commerçant. Les policiers n'insistèrent pas.
Mon fils Jean était inculpé de confection de fausses cartes d'identité et de de distribution de journaux à la Résistance. Je fus libéré faute de preuves le 23 novembre 1943, mon fils le 13 janvier 1944. Par la suite je rendis visite à mon fils dans le parloir de la maison d'Evreux, en présence d'un interprète allemand ; nous échangeâmes de temps à autre des paroles d'amitié.
Quelques jours après le 1er février 1944, date de l'exécution de Gaston Folloppe, je reçus de la part d'un camarade prisonnier, Raymond Gosselin, les deux lettres que Folloppe m'envoyait, une destinée à sa femme, l'autre à une amie.
Je chargeais l'abbé Bure de remettre ces deux lettres aux personnes désignées.
J'ajoute que mon fils Jean Basset, passé au Bataillon de l'Air de Lille (...) Nord, peut donner de plus amples renseignements sur les circonstances de l'arrestation et la mort de Gaston Folloppe" .
Source : " Gendarmerie Nationale, Brigade de Bernay. Procès-verbal 30 avril 1945 fait et clos à Bernay le 17 Mai 1945. (AC 21 P 185404) " .
LA TRAHISON DU RADIO TILDEN
Le témoignage de Mme Folloppe évoque un certain "Alain", présent lors de l'arrestation de son mari, tandis que Robert Basset indique que Gaston Folloppe pensait que c'est un certain Lagarde qui les avait dénoncés. Il se peut qu'Alain et Lagarde soient la même personne (Annuaire CND Castille) mais cet agent ne semble finalement pas directement responsable, le dénonciateur ayant été identifié comme le radio "Tilden" selon le témoignage de Robert Basset :
" Folloppe a donc été dénoncé par un de nos radios de Paris (Robert Brocque, alias Tilden) qui assiste à sa torture par la S.D. (service de renseignement allemand de Paris, par l’équipe du sinistre Masuy) : brûlures à la face par des cigarettes, coups de poings, pendaison par les pieds. Vallée est « passé » par la baignoire, pendu par les mains, frappé sauvagement. Pas un mot ne sort de la bouche de ces héros".
"Georges Delfanne, dit Christian Masuy, né le 22 janvier 1913 à Bruxelles. Militant du rexisme, mouvement politique d'extrême-droite en Belgique, il aurait été un homme de confiance de Léon Degrelle (futur général des Waffen SS). Il infiltra ou organisa l'infiltration de plusieurs réseaux de la Résistance, notamment le CND Castille.
Pour cela, il fut aidé de Bernard Fallot, dit « Bernard », de Raymond Fresnoy dit « Raymond » et des Humbert père et fils, secrétaire et exécutant et de deux Belges, Jean Deligne et le docteur Johann. Il fit ainsi arrêter plus de 800 résistants qu’il interrogea et tortura, notamment Simone Michel-Lévy (Emma dans la résistance)…et tant d’autres !
Il est intéressant de noter que les traîtres au réseau comme Tilden, une fois devenus inutiles, ont été envoyés en déportation et y sont morts.
Capturé alors qu’il était en fuite en Espagne après la libération, Masuy est récupéré et jugé en France et condamné à mort avec plusieurs de ses complices. Il sera fusillé le 1 er octobre 1947 au fort de Montrouge" . (2)
La trahison du radio « Tilden » à l’automne 1943 eut des conséquences catastrophiques : elle entraîna une centaine d’arrestations, alors que Rémy, réfugié en Angleterre, ne peut revenir en France (opération « Nathalie » annulée).
Cela aurait pu occasionner un arrêt total du réseau mais ce dernier est heureusement reconstitué par Marcel Verrière (alias « Lecomte » ) à partir des cellules encore actives sous le nom de « Castille » et il continuera à fonctionner jusqu’à la Libération. (2)
Incarcéré à Evreux, Gaston FOLLOPPE est condamné à mort et fusillé le 1er Février 1944, vieille route de Paris à Evreux.
Il a été inhumé le 3 Décembre 1944 au cimetière Sainte-Croix à Bernay.
Gaston FOLLOPPE a été homologué FFC et FFL. Il a été reconnu Mort pour la France.
Distinction : Médaille de la Résistance française à titre posthume (31/03/1947).
Mémoire : après la Libération de Bernay en 1944, la rue des Charrettes deviendra la rue Gaston Folloppe pour honorer sa mémoire.
Touché par l’histoire de Gaston Folloppe, l’Anglais Brian Walsh lui a rendu hommage en 2017 à tarvers une chanson.
(2) La Résistance de Robert Basset " par Robert Basset ; document de 16 pages (Amicale CND Castille)
Documents annexés : Brian Walsh présente la photographie de Gaston Folloppe (L’Eveil Normand) - Dessin de Jérémy Van Hese, alias Bradouchka (Paris-Normandie) - Fiche de Gaston Folloppe dans l'Annuaire CND Castille (Amicale CND Castille) – Extraits du Dossier (AC 21P DAVCC Caen) : couverture et acte de décès de Gaston Folloppe – Portrait de Robert Basset ((Amicale CND Castille) – Portrait de Gaston Folloppe issu de « La Résistance de Robert Basset » (Amicale CND Castille)
Sources externes :
Histoire du réseau CND Castille
La résistance dans le Calvados
Livre ouvert des Français Libres