© Archives Municipales Le Havre

Chronologie : 1941

Statut : 

• FFC
• FFI
• DIR
• HELPER

Groupes : 

• GRG-Morpain

BOA : 

• BOA

Zones d'action: Le Havre ; Montivilliers

Parcours dans la résistance :
 

Né au Havre le 5 septembre 1895, Charles Henri LOISEL (alias Matricule 12130), était titulaire d’un diplôme de l’Ecole des élèves officiers mécaniciens (CEPEI).

Il est lieutenant au 129e R.I. durant la guerre 1914-1918 et fut blessé.

Durant l’Occupation, il est marié était propriétaire d'une entreprise de peinture et marchand de papier peint. Il est domicilié avec son épouse Lucienne  94 rue Thiers au Havre. Ses deux fils travaillent avec lui.

Il était entré en résistance en juillet 1940 en s’adonnant à quelques sabotages (destruction de réservoirs d’essence, de lignes téléphoniques), puis, en octobre 1940, il devient membre du Groupe Morpain en formation, après sa rencontre avec René Bazille et Robert Roux.

En novembre, il fait la connaissance d’un agent du sous-réseau Taine*, alias Riton, alors qu’il se trouvait rue du maréchal Galliéni chez Maurice Aubin.
Ses activités pour le SR Taine furent les suivantes : Renseignement sur le port du Havre et les champs de mines, le nombre des unités avec dénomination et tonnages, chargements, tonnages. Défense des côtes, blockhaus, emplacements de V1, mouvements de troupes (unités, divisions), emplacements de défense.Il assure la formation paramilitaire de ses hommes.
En mars 1941, il avait fait tamponner les fausses cartes d’identité de quatre anglais et assisté à leur départ. Suspicieux vis à vis de Edmond Godefroy qui les accompagnait à Paris, Il cesse ses relations avec le MRG-groupe Morpain. Il est nommé chef du réseau Taine.

Mais suite aux dénonciations d'Edmond Godefroy et aux arrestations survenues au sein du groupe Morpain en relation avec les quatre britanniques, il fut arrêté au Havre le 29 juin 1941 puis condamné par le Conseil de guerre à Paris pour espionnage, détention d'armes, constitution d'une société gaulliste, évasion de quatre aviateurs anglais et avoir établi de faux-papiers d’identité pour ces aviateurs et détention de poste émetteur clandestin. Mais aussi,  d'avoir exfiltré par Bordeaux, avec l’aide de Romain Capron, garagiste à Etretat, l’américain Bosker (ou Boockaert selon Cédric Thomas) qui les avait ravitaillés durant plusieurs mois alors qu’ils étaient hébergés par le couple Lebouteiller à Pierrefiques.

Charles Loisel fut interné  au Havre et  transféré à Paris  fin août 1941 avec 25 autres membres du Groupe Morpain.

Lors du procès qui se tint le 14 décembre 1941 à la cour martiale allemande à l'hôtel Continental à Paris, son camarade Guy Robert  reprit à son compte une accusation de fourniture de papiers d'identité attribuée à Charles Loisel qui est condamné à 9 mois de prison le 14 décembre 1941.

Libéré en avril 1942 du fort d'Hauteville près de Dijon, il reprend ses activités pour le SR Taine, établissant des contacts avec la région havraise et la Seine-Inférieure, tels Albert Demonchy (membre de Libé-Nord et du réseau Cohors) à Dieppe, et le policier Maurice Frémont au Havre, qui fabriquait des faux-papiers pour L'Heure H.

Il rejoignit le réseau L'Heure H (section de Montivilliers) et fut affilié en décembre 1943 au réseau Hamlet Buckmaster en tant qu'agent occasionnel (P0).

Charles Loisel rejoint en 1943 le Groupe France Avant Tout.

Contacté par René Renaud, alias Colette, chef départemental des opérations aériennes (BOA) en Seine-Inférieure, Charles Loisel (matricule 238, alias RUA 404) devient en janvier 1944 membre des Forces Françaises Combattantes, chef de zone du secteur 1 (Le Havre et sa région jusqu’à Yvetot, 120 hommes). Il organise un terrain de parachutage entre Lillebonne et Caudebec, relais de transport d’armes.

Au mois de mars, il héberge des réfractaires au S.T.O.

Il fit déserter 5 soldats alsaciens enrôlés de force dans l’armée allemande et s’occupe de l’organisation paramilitaire ; il distribue des tracts et des journaux clandestins.

En juin 1944, Charles Loisel, assimilé au grade de commandant, réalise la liaison avec tous les groupements de résistance active et organise les FFI du Havre qu'il commande  (décision du 6 mars 1947, avec validation de son activité FFI du 1er aout au 12 septembre 1944). Ses effectifs se monteront à plus de 800 hommes.

Au moment du Débarquement en juin 1944, un certain Charles Burger (marin alsacien enrôlé dans l’armée allemande) est muté au Havre sur une vedette rapide de la Kriegsmarine. Il entre alors en contact avec Charles Loisel et commence à lui transmettre des renseignements sur les mouvements de troupes allemandes et leur embarquement de nuit sur le port.
Le 28 aout 1944, après avoir informé le commandant Loisel que sa flottille au complet sortirait du port le 31 aout, il déserta, et grâce à cette information, la dernière flottille allemande quittant le Havre fut détruite par la R.A.F.
En contact avec Svétislav Tisritch, Charles Loisel orienta alors Charles Burger sur le PC du Vagabond Bien Aimé qui l’intégra dans son Groupe en tant qu'armurier.

Ce même mois d’août 1944, de nuit, Charles Loisel fut contraint de tuer un marin allemand qui allait l’arrêter.
A son instigation, le clergé et le pasteur du Havre présentèrent une demande pour obtenir la reddition de la Ville du Havre.
Il organise des groupes de « préservation d’usines », afin d’éviter les destructions possibles.

Du 1er au 3 septembre, Charles Loisel participe à la guérilla dans les rangs de France Avant Tout à Rolleville et Epouville, puis à la Libération du Havre tel que l'indique sa citation à l'ordre de la division :

"Loisel Charles, Officier de réserve commandant FFI. Résistant de la première heure, arrêté en juin 1941 pour ses activités contre l’occupant. Libéré en mars 1942 reprend aussitôt son activité contre l’ennemi. Chef de zone n° 1 du Havre, s’est distingué par ses qualités d’organisateur et d’entraineur d’hommes le 11 septembre 1944 ; a conduit personnellement la première et principale attaque insurrectionnelle du Havre au Rond-point, au cours de laquelle 8 voitures allemandes et une motocyclette furent détruites, tuant 8 allemands et blessant 6 et faisant une quinzaine de prisonniers. A maintenu et interdit le principal carrefour de la ville malgré de furieuses contre-attaques allemandes".

Charles LOISEL Il fut membre du comité local de Libération. Il fut adjoint au Maire du Havre.
Il était domicilié 94 rue Thiers après la guerre.

Il a été homologué FFC et FFI. Il a le titre de Helper (aide aux aviateurs alliés) décerné par les autorités britanniques et américaines.

Distinction : Médaille de la Résistance - Croix de guerre 39- 45, 1 citation, avec Etoile de bronze. Médaille Freedom américaine.

Charles Loisel est décédé le 15 février 1952, et fut inhumé  au Cimetière de Sanvic (exhumé le 10 mars 2022)

*Nous n’avons pas pu identifier le sous-réseau Taine dans les archives officielles.

Dans son dossier Résistant du Shd de Vincennes, parmi les résistants de son cercle et notamment ceux ayant été internés ou déportés, il cite : Aldric Crevel, Jean Bouin, Guy Robert, Robert Salgues, Théo Baillard, le commandant René Renaud alias Collette, le capitaine Lemoine dit Mimile, Maurice Frémont, Albert Demonchy, Jacques Hamon, Gérard Morpain, Georges Piat, Robert Roux, René Bazille, ( ?) Oddone et Louise Dubus.

Variante relevée dans les sources : domicilié 94 rue Thiers au Havre avant son arrestation (Fndirp).

Helper Grade 5 certif 5142 

Décorations : 

Service Historique de la Défense (SHD) : 
Vincennes : GR 16 P 375242 et GR P 28 4 450 67

Archives du collectif : 
Archives L'Heure H (B. Garin) - GR 16 P 375242 (archives D. Fouache) - Liste Heure H établie par Madame Mayer (M. Baldenweck) - Fichier CVR Adsm (M . Baldenweck) - Archives L'Heure H (D.Fouache) - Liste 76 des Médaillés de la Résistance française (M. Baldenweck) - La Résistance au Havre de 1940 à septembre 1944. Rodrigue Serrano, mémoire de Maitrise, Université de Rouen, 1999 (JH Caillard)

Archives municipales : 
Cote 94Z155 (fiches Legoy) - Cote GUE099 (résistants de l'ombre) - Cote 40Z3 - Cote 40Z9 (rapports courriers Loisel 1944)

Bibliographie :  Cité dans : Une famille normande dans la tourmente nazie. Vie et mort du réseau de résistance Salesman. Brigitte Garin, Wooz éditions, 2020.- « Jacques Hamon résistant havrais et défenseur de l'Art », Brigitte Garin et Moira Hamon, éditions Les Choucas 2024

Crédit Photo de la notice :  © Archives Municipales Le Havre